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    « Ô ! Temps! Ô ! Vieillesse ennemie! »

    Tic Tac Tic Tac

    Tout à la joie d'une naissance,

    Que déjà, nous sommes sous l'emprise du temps...

     

    Temps

     

    Temps !

    Que fais-tu de ma jeunesse ?...

      

    A peine nouveau né que déjà les heures s'usent.
    Sans nous en rendre compte nous avons vingt ans.
    Se fichant bien de l'âge  jeunesse  s'amuse,
    Cependant que l'on joue, tourne la roue du temps.


    L'innocence s'enfuit, sans bruit, à tire d'ailes.
    Inéluctablement, nos vies comptent les ans.
    Invincible on se sens et les femmes sont belles!
    On profite et l'on vit tout en prenant son temps.


    Que nous importe l'âge sonnant nos quarante ans!
    On fait encore partie de cette belle jeunesse!
    Déjà nos traits se fanent et les rides nous stressent
    Quand l'horloge du temps marque nos cinquante ans.


    Ne nous résignant pas à cette heure fatale,
    Les crèmes salvatrices cachent nos cheveux blancs.
    Mais les rides et ridules sur notre peau s'installent:
    Ce que nous laissons faire à nos corps défendant.


    Plus nos rides se creusent faisant fuir nos printemps,
    Moins nous avons envie de fêter soixante ans.
    Nos projets, nos envies, nos rêves et nos pensées,
    Sont encore bien présents en nos cœurs affolés.


    La femme se veut jeune; mais elle voit sont automne
    S'avancer, lentement, pour ne pas lui faire peur.
    L'été qui réchauffait son corps, point ne demeure
    Et sa peau se flétrie et son teint devient morne.


    " — Sont-ce mes cheveux blonds qui sont devenues blancs,
    Ces rides et ces sillons qui creusent mon visage
    Ou ma vie qui s'enfuit sur les ailes du vent
    En provoquant ma peur de faire enfin mon âge?


    Laissez-moi, mes enfants. Mon hiver est venu.
    Je vais donc vous quitter car, pour moi, sonne l'heure.
    Je ne veux pas de pleurs, de larmes ni de fleurs.
    Je ne veux que dormir. Déjà, je ne suis plus ".

     

    N. GHIS.

     

    Photo de La main et la plume. 

    Texte écrit en Octobre 2009

     Que fais-tu de ma jeunesse?

     

    Koyolite Tseila (site web) Le 15/03/2010

    Chère Ghis,

    Graphiquement, votre site est très plaisant, très agréable. Et quel bonheur de découvrir vos rubriques et vos textes! Vous avez une bien belle plume! Félicitations! J'ai également été très touchée en apprenant ce qu'il vous était arrivé dans votre petite enfance. J'espère vraiment que vous arrivez à vivre sans que votre passé vous perturbe à présent?...
    Encore bravo : votre site est une oasis de douceur et de poésie au milieu de mon quotidien.

    Bonne continuation et au plaisir, Koyolite Tseila

     

    sceau copyright 

     

      

    Temps


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    Je n'avais que 18 ans lorsque j'ai écris ce poème et j'étais en interna:

    les sœurs s'occupaient de cette institution.

    Je devais, jusqu'à ma majorité, y demeurer; mais j'en suis sortie à l'âge de 19 ans

    parce que le foyer "Du Bon Pasteur" d'Arras fermait.

    Il pleut sur ma vie

     

    Il pleut sur ma vie

     

    Il pleut sur la ville comme il pleut sur mon cœur.

    Quelle est cette tristesse qui envahit mon cœur?

    Il pleut sur la ville comme il pleut sur mon cœur.

    Serait-ce de la pluie que me vient ma tristesse?

     

    Je suis comme une plante qui se meurt, alanguie.

    Qui peut m’intéresser? Qui puis-je intéresser?

    Je me sens vide et seule. Mon horizon est noir.

    Le nez à la fenêtre, je regarde le soir

     

    Qui tombe lentement tandis que la pluie cesse.

    Et il pleut dans mon cœur. Et il pleut dans mes nuits.

    Pourquoi rester ici perdue sur cette terre?

    Quelle en est la raison? Quel est ce grand mystère?

     

    Mon cœur est impatient. Mon corps est impatient !

    J’ai tant d’amour en moi que je ne peux donner.

    C’est pour ça que j’ai mal. Pour ça que je suis triste.

    Et défilent mes nuits où les heures passent et fuient.

     

    Je me sens vide et seule. Mon horizon est noir.

    Le nez à la fenêtre, je regarde le soir

    Qui tombe lentement tandis que la pluie cesse.

    Et il pleut dans mon cœur. Et il pleut dans mes nuits.

     

    Le vide est dans ma vie et je suis solitaire.

    Devrais-je rester là, une âme en perdition?

    Ne viendra-t-il personne pour prendre soin de moi?

    Mais viendra-t-il cet homme que je ne connais pas?

     

    J’aimerais un ami. Connaître un jour l’amour!

    Apprécier le bonheur d' être aimée par un homme...

    La pluie s’est arrêtée; mais je pleure dans mon lit.

    Mais je pleure dans mon cœur… et il pleut sur ma vie. 

     

    N. GHIS.

    Il pleut sur ma vie : 

     

     


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    La mère qu'elle n'a pas été



    Femme et mère, jeune encore et souvent éprouvée,

    J'ai certains souvenirs profondément gravés

    Dans les plis de mon front qu'ont creusé mes pensées

    Et qui font deviner bien des choses passées.

     

    Mon existence me dit d'oublier mon enfance :

    Ces mois, très solitaires, dans des pensions hostiles

    Quand, ne pouvant gérer seule mon existence,

    Ma mère m'abandonnait pour des raisons futiles.

     

    Je souffrais de l'absence de cette mère volage

    Qui m'écrivait toujours qu'elle était en voyage,

    Qu'elle ne pouvait pas me consacrer du temps

    Mais qu'elle m'aimait, pourtant! Et elle signait:" Maman."

     

    De longs mois j'attendais les dimanches sa venue

    Guettant, folle d'angoisse sa silhouette aimée,

    Jalouse et malheureuse de la joie imprévue

    D'une autre camarade qu'on venait visiter.

     

    Le soir de ces visites clôturait mon espoir

    D'embrasser cette mère au corps insaisissable

    Et je me consolais en sentant son mouchoir

    Empreint de son parfum si doux ! Si impalpable !

     

    Dans mon lit de pension, je pensais à ma mère

    Et revivais les heures : ces doux moments prés d'elle ;

    Mais, quand j'ouvrais les yeux, ce n'était que chimère

    Et mon cœur en voulait à cette mère cruelle !

     

    Bien souvent, j'ai touché le fond du désespoir

    Quant, au hasard des nuits, le cafard me prenait.

    Sur mon lit de ferraille, dans le noir, je pleurais

    En fixant, sans la voir, la veilleuse du dortoir.

     

    Les pleurs n'avaient pas cours dans ces pensions sans nom.

    Nous n'avions pas le droit de nous laisser aller.

    Nous étions surveillées et gare aux punitions

    Pour celles que l'on prenait, dans un coin, à pleurer.

     

    Je me souviens d'un soir où le cœur en lambeaux,

    Mon esprit submergé par la mélancolie,

    Les yeux mouillés de larmes et mon âme meurtrie,

    Je ne pus endiguer un flot de gros sanglots.

     

    Bien entendu, je fus, sur l'heure même, punie :

    Mise dans un cachot sombre, froid et réduit

    Où je restais trois jours dans le noir et la faim,

    N'ayant, pour nourriture, que de l'eau et du pain.

     

    Pour une simple toilette, on venait me chercher

    J'allais me soulager deux à trois fois par jour,

    Toujours accompagnée par " sœur trousseau de clefs "

    Que je nommais ainsi, surtout pas par amour !

     

    Je n'avais que huit ans à cette époque-là ;

    Mais le cœur d'un enfant, à cet âge, n'oublie pas !

    J'ai passé mon enfance à attendre ma mère

    Qui n'a su qu'être femme ; mais jamais être mère.

     

    Est-ce que je lui en veux ? Oui. J'ai de la rancune.

    Tout ce que j'ai souffert quand j'étais solitaire,

    S'en ai t-elle rendu compte ? En a t-elle amertume ?

    Qu'elles étaient ses pensées ? Je préfère me taire.

     

    Lui ai-je pardonner ? Je ne saurai vous dire.

    Le temps et la distance m'ont fait " des-souvenir "

    Des traits de son visage, imperceptible image,

    Qui n'est plus qu'incertaine au détour d'un nuage...

     

    Ces années de pensions, je les lui dois : amères.

    Que de larmes perdues baignant mes déceptions !

    Ses absences de ma vie, ses retours, ses " Pardon ! "

    N'étaient que des mensonges pour calmer mes colères.

     

    Je suis devenu femme et je me suis mariée.

    J'ai eu deux beaux enfants que j'ai su cajoler.

    Un mari exemplaire, une vie bien rangée,

    On fait de moi la mère qu'elle n'a pas été.

     

    N. GHIS.

    Images

    Texte écrit en 1979

    ** Le parfum de ma mère était « le N° 5 De Chanel » J'ai gardé d'elle son parfum... Le regret d'avoir eu une mère volage, irresponsable, égocentrique, charmeuse envers les hommes. Elle était femme, mais pas mère. Mais je l'aimais envers et contre tout. C'est ce qui fait le plus mal. Le traumatisme fut grand pour moi ; car l'amour d'une mère est important pour un enfant. Chaque fois qu'elle me laissait dans une famille d'accueil ou en pension chez les sœurs pour vivre sa vie.  Je pleurais toutes les larmes de mon corps.  J'ai adoré ma mère autant qu'elle m'a fait pleurer... Lorsqu'elle s'en est allée de mort brutale en Belgique où elle résidait, je n'ai pas pu pleurer : je n'avais plus de larmes. Je n'ai pas été à son enterrement non plus : elle m'était devenu étrangère...

      Ghislaine.


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    Une petite anecdote en passant.



    J'allais étendre du linge au jardin lorsque je trébuchais sur une dalle disjointe et je m'affalais sur un outil à bords tranchants. J'ai eu la main gauche presque amputée au niveau de la moitié externe du poignet et ce, jusqu'au milieu de la paume de ma main. Mon pouce, mon majeur fut endommagé, ainsi que l'annulaire et l'auriculaire. Ma main est bien revenue grâce à un as de la chirurgie de la main et à force de rééducation qui dura assez longtemps pour que la fonctionnalité de ma mains revienne à son maximum. La fonctionnalité: OUI! Mais la sensibilité: NON. Il a fallut quand même plus de 4 ans pour la mobilité et 7 ans pour la sensibilité qui n'est pas complètement là et ne reviendra pas maintenant...

    J'avais toujours demandé à la providence ou au destin, (comme vous préférez: ce qui revient au même pour ma part), de ne jamais m'enlever l'usage de mes mains parce que j'en avais besoin pour écrire. Et bien, ma main gauche, j'ai faillis la perdre; mais je n'ai jamais autant écris sur un cahier d'écolier les idées de poèmes, des récitations pour les enfants, des poésies sur tous les sujets pendant mes trois mois ou j'avais une prothèse qui m’empêchait de vaquer à mes occupations ménagères. Ne pouvant pas me servir de ma main gauche, j'occupais mon temps à écrire. Le clavier du PC me manquait. Je peux vous dire que j'ai fais fonctionner ma main droite à un rendement tel que j'en avais mal aux poignet. C'est quand même plus pratique le PC!...

    Ma main ne donne pas l'apparence d'une main qui fût presque coupée au niveau du poignet. Il y a quand même des séquelles: je garde une insensibilité du petit doigt et de l'annulaire. J'ai du mal à garder ma bague de fiançailles et mon alliance. J'ai quand même eu l'artère et le tendon cubitale de sectionnés. Pour un écrivain, même amateur, inconnu de surcroît (car ce n'est pas un recueil de poèmes qui m'a donner la notoriété), ça la ficher mal! Heureusement pour moi que ce n'est pas la main droite et que je ne suis pas compositeur! (Rire) Néanmoins, aujourd'hui, je me sers de ma main gauche pour taper sur mon clavier comme au paravent et c'est l’essentiel. Merci au chirurgien de la main (Mr Le docteur Friche) qui à tout fait pour sauver la mienne. Date de l'accident: début avril 2002.

    N. Ghis. 

    Ma main gauche

     

     

     Et voici le poème de Paul Verlaine 

     

    Ma main gauche.

     

    Ce ne sont pas des mains d'altesse,
    De beau prélat quelque peu saint,
    Pourtant une délicatesse
    Y laisse son galbe succinct.

    Ce ne sont pas des mains d'artiste,
    De poète proprement dit,
    Mais quelque chose comme triste
    En fait comme un groupe en petit ;

    Car les mains ont leur caractère,
    C'est tout un monde en mouvement
    Où le pouce et l'auriculaire
    Donnent les pôles de l'aimant.

    Les météores de la tête
    Comme les tempêtes du coeur,
    Tout s'y répète et s'y reflète
    Par un don logique et vainqueur.

    Ce ne sont pas non plus les palmes
    D'un rural ou d'un faubourien ;
    Encor' leurs grandes lignes calmes
    Disent : " Travail qui ne doit rien. "

    Elles sont maigres, longues, grises,
    Phalange large, ongle carré.
    Tels en ont aux vitraux d'églises
    Les saints sous le rinceau doré,

    Ou tels quelques vieux militaires
    Déshabitués des combats
    Se rappellent leurs longues guerres
    Qu'ils narrent entre haut et bas.

    Ce soir elles ont, ces mains sèches,
    Sous leurs rares poils hérissés,
    Des airs spécialement rêches,
    Comme en proie à d'âpres pensées.

    Le noir souci qui les agace,
    Leur quasi-songe aigre les font
    Faire une sinistre grimace
    A leur façon, mains qu'elles sont.

    J'ai peur à les voir sur la table
    Préméditer là, sous mes yeux,
    Quelque chose de redoutable,
    D'inflexible et de furieux.

    La main droite est bien à ma droite,
    L'autre à ma gauche, je suis seul.
    Les linges dans la chambre étroite
    Prennent des aspects de linceul,

    Dehors le vent hurle sans trêve,

    Le soir descend insidieux...
    AH ! Si ce sont des mains de rêve,
    Tant mieux, - ou tant pis, - ou tant mieux !

    Paul VERLAINE (1844-1896)

     

    Ma main gauche.


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