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    Pont Mirabeau

     

    Le pont Mirabeau

     

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
    Et nos amours
    Faut-il qu'il m'en souvienne
    La joie venait toujours après la peine

    Vienne la nuit sonne l'heure
    Les jours s'en vont je demeure

    Les mains dans les mains restons face à face
    Tandis que sous
    Le pont de nos bras passe
    Des éternels regards l'onde si lasse

    Vienne la nuit sonne l'heure
    Les jours s'en vont je demeure

    L'amour s'en va comme cette eau courante
    L'amour s'en va
    Comme la vie est lente
    Et comme l'Espérance est violente

    Vienne la nuit sonne l'heure
    Les jours s'en vont je demeure

    Passent les jours et passent les semaines
    Ni temps passé
    Ni les amours reviennent
    Sous le pont Mirabeau coule la Seine

    Vienne la nuit sonne l'heure
    Les jours s'en vont je demeure

     

    Guillaume Apollinaire

    (1880-1918)


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    Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie

     

    Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie

    Pierre de Ronsard

    Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
    Assise auprès du feu, dévidant et filant,
    Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
    « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »

    Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
    Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
    Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
    Bénissant votre nom de louange immortelle.

    Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
    Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
    Vous serez au foyer une vieille accroupie,

    Regrettant mon amour et votre fier dédain.
    Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
    Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

    Pierre de Ronsard : 

    Sonnets pour Hélène, 1578


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    Une petite anecdote en passant.



    J'allais étendre du linge au jardin lorsque je trébuchais sur une dalle disjointe et je m'affalais sur un outil à bords tranchants. J'ai eu la main gauche presque amputée au niveau de la moitié externe du poignet et ce, jusqu'au milieu de la paume de ma main. Mon pouce, mon majeur fut endommagé, ainsi que l'annulaire et l'auriculaire. Ma main est bien revenue grâce à un as de la chirurgie de la main et à force de rééducation qui dura assez longtemps pour que la fonctionnalité de ma mains revienne à son maximum. La fonctionnalité: OUI! Mais la sensibilité: NON. Il a fallut quand même plus de 4 ans pour la mobilité et 7 ans pour la sensibilité qui n'est pas complètement là et ne reviendra pas maintenant...

    J'avais toujours demandé à la providence ou au destin, (comme vous préférez: ce qui revient au même pour ma part), de ne jamais m'enlever l'usage de mes mains parce que j'en avais besoin pour écrire. Et bien, ma main gauche, j'ai faillis la perdre; mais je n'ai jamais autant écris sur un cahier d'écolier les idées de poèmes, des récitations pour les enfants, des poésies sur tous les sujets pendant mes trois mois ou j'avais une prothèse qui m’empêchait de vaquer à mes occupations ménagères. Ne pouvant pas me servir de ma main gauche, j'occupais mon temps à écrire. Le clavier du PC me manquait. Je peux vous dire que j'ai fais fonctionner ma main droite à un rendement tel que j'en avais mal aux poignet. C'est quand même plus pratique le PC!...

    Ma main ne donne pas l'apparence d'une main qui fût presque coupée au niveau du poignet. Il y a quand même des séquelles: je garde une insensibilité du petit doigt et de l'annulaire. J'ai du mal à garder ma bague de fiançailles et mon alliance. J'ai quand même eu l'artère et le tendon cubitale de sectionnés. Pour un écrivain, même amateur, inconnu de surcroît (car ce n'est pas un recueil de poèmes qui m'a donner la notoriété), ça la ficher mal! Heureusement pour moi que ce n'est pas la main droite et que je ne suis pas compositeur! (Rire) Néanmoins, aujourd'hui, je me sers de ma main gauche pour taper sur mon clavier comme au paravent et c'est l’essentiel. Merci au chirurgien de la main (Mr Le docteur Friche) qui à tout fait pour sauver la mienne. Date de l'accident: début avril 2002.

    N. Ghis. 

    Ma main gauche

     

     

     Et voici le poème de Paul Verlaine 

     

    Ma main gauche.

     

    Ce ne sont pas des mains d'altesse,
    De beau prélat quelque peu saint,
    Pourtant une délicatesse
    Y laisse son galbe succinct.

    Ce ne sont pas des mains d'artiste,
    De poète proprement dit,
    Mais quelque chose comme triste
    En fait comme un groupe en petit ;

    Car les mains ont leur caractère,
    C'est tout un monde en mouvement
    Où le pouce et l'auriculaire
    Donnent les pôles de l'aimant.

    Les météores de la tête
    Comme les tempêtes du coeur,
    Tout s'y répète et s'y reflète
    Par un don logique et vainqueur.

    Ce ne sont pas non plus les palmes
    D'un rural ou d'un faubourien ;
    Encor' leurs grandes lignes calmes
    Disent : " Travail qui ne doit rien. "

    Elles sont maigres, longues, grises,
    Phalange large, ongle carré.
    Tels en ont aux vitraux d'églises
    Les saints sous le rinceau doré,

    Ou tels quelques vieux militaires
    Déshabitués des combats
    Se rappellent leurs longues guerres
    Qu'ils narrent entre haut et bas.

    Ce soir elles ont, ces mains sèches,
    Sous leurs rares poils hérissés,
    Des airs spécialement rêches,
    Comme en proie à d'âpres pensées.

    Le noir souci qui les agace,
    Leur quasi-songe aigre les font
    Faire une sinistre grimace
    A leur façon, mains qu'elles sont.

    J'ai peur à les voir sur la table
    Préméditer là, sous mes yeux,
    Quelque chose de redoutable,
    D'inflexible et de furieux.

    La main droite est bien à ma droite,
    L'autre à ma gauche, je suis seul.
    Les linges dans la chambre étroite
    Prennent des aspects de linceul,

    Dehors le vent hurle sans trêve,

    Le soir descend insidieux...
    AH ! Si ce sont des mains de rêve,
    Tant mieux, - ou tant pis, - ou tant mieux !

    Paul VERLAINE (1844-1896)

     

    Ma main gauche.


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    Proverbe du jour

     "On est aussi vieux que notre pessimisme, aussi jeune que notre envie de vivre"

    N. GHIS.

     

      

    "Je suis très jeune dans ma tête et  j'ai le privilège d'avoir conservé mon âme d'enfant. J'aime la vie même avec tout ce que j'ai vécu de dramatique. Ça m'a forgé le caractère et m'a appris à ne rien prendre au tragique. Les obstacles qui ont jalonnés mon chemin depuis que je suis au monde, je les assume et comme tout le monde,  j'appréhende les retombées; mais je les surmonte et je repart de plus belle. J'aime la nature et tout ce qu'elle m'apporte! J'aime la vie!  Croyez-moi! Elle vaut la peine d'être vécu!"

    N. GHIS.  Ghislaine Nicolas / La main et la plume / Poésies et chansons

    La Musique Des Mots :

    c'est toujours moi. LOL!

    Être jeune



    "La jeunesse n'est pas une période de la vie.

    Elle est un état d'esprit, un reflet de la volonté,

    Une qualité de l'imagination, une intensité émotive,

    Une victoire sur la timidité,

    Un goût de l'aventure sur l'amour du confort.

    On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années:

    On devient vieux parce que l'on a déserté son idéal.

    Les années rident la peau: renoncer à son idéal ride l'âme...

    Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs

    Sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre

    Et devenir poussière avant la mort.

    Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille.

    Il demande comme l'enfant insatiable: "E après?"

    Il défie les événements

    Et il trouve de la joie au jeu de la vie."

     Être jeune


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    J'écris... 

    **J'écris naïvement tout ce qui au cœur me touche.

                      Joachim Du Bellay

    J’écris...

     

    J'écris pour le village au flanc de la montagne,

    Pour la femme écrasée au travail ménager.

    Pour ceux là dont la vie est un bagne,

    Dont le désir profond serait de voyager...

     

    Pour cet être isolé, malade au teint pâli,

    Pour les cœurs affamés, perdus de solitude,

    Pour le vieillard tremblant victime de l'oubli,

    Je clame la douleur de ma solitude.

     

    J'écris dans un élan, comme chante l'oiseau,

    La phrase naît en moi douloureuse ou frivole

    Je la veux simplement souple comme un roseau

    Avec l'appui d'une aile, afin qu'elle s'envole.

     

    Faisant d'un joli vers un rébus imparfait,

    je ne recherche pas la phrase trop savante

    qui laisse le lecteur un instant stupéfait

    Et qui, sans la charmer, l'ennuie ou l'épouvante!

     

    Pourquoi choisir des mots obscurs et compliqués?

    Peut-on peindre l'amour mieux qu'en disant : «Je t'aime»?

    Les visages de l'âme ont peur d'être masqués,

    Je veux que l'on me lise en comprenant mon thème.

     

    Certes, poétiser! Mais ne pas travestir...

    Si mon vers dit: «J'ai mal» au lieu de quelque outrance

    C'est que, dans la douleur qu'ils peuvent ressentir,

    tous ont le même cri pour marquer la souffrance.

     

    Il est à l'érudit aussi bien qu'au berger,

    Et chacun croît ainsi que j'écris pour lui-même.

    Ce qui monte du cœur, on doit le ménager,

    Puis l'esprit veille afin que la plume n'essaime...

     

    C'est tout!... Et je m'en vais rêver au bois la nuit.

    Un sanglot merveilleux m’atteint et me pénètre:

    chantant la fleur mourante ou l'étoile qui fuit

    C'est le doux rossignol que j'ai choisi pour naître.

     

    Joachim Du Bellay

    J'écris...

    Anecdote:

    Ce poème est tellement simple qu'il me semble l'avoir écris moi-même!


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