• Ma main gauche.

     

    Une petite anecdote en passant.



    J'allais étendre du linge au jardin lorsque je trébuchais sur une dalle disjointe et je m'affalais sur un outil à bords tranchants. J'ai eu la main gauche presque amputée au niveau de la moitié externe du poignet et ce, jusqu'au milieu de la paume de ma main. Mon pouce, mon majeur fut endommagé, ainsi que l'annulaire et l'auriculaire. Ma main est bien revenue grâce à un as de la chirurgie de la main et à force de rééducation qui dura assez longtemps pour que la fonctionnalité de ma mains revienne à son maximum. La fonctionnalité: OUI! Mais la sensibilité: NON. Il a fallut quand même plus de 4 ans pour la mobilité et 7 ans pour la sensibilité qui n'est pas complètement là et ne reviendra pas maintenant...

    J'avais toujours demandé à la providence ou au destin, (comme vous préférez: ce qui revient au même pour ma part), de ne jamais m'enlever l'usage de mes mains parce que j'en avais besoin pour écrire. Et bien, ma main gauche, j'ai faillis la perdre; mais je n'ai jamais autant écris sur un cahier d'écolier les idées de poèmes, des récitations pour les enfants, des poésies sur tous les sujets pendant mes trois mois ou j'avais une prothèse qui m’empêchait de vaquer à mes occupations ménagères. Ne pouvant pas me servir de ma main gauche, j'occupais mon temps à écrire. Le clavier du PC me manquait. Je peux vous dire que j'ai fais fonctionner ma main droite à un rendement tel que j'en avais mal aux poignet. C'est quand même plus pratique le PC!...

    Ma main ne donne pas l'apparence d'une main qui fût presque coupée au niveau du poignet. Il y a quand même des séquelles: je garde une insensibilité du petit doigt et de l'annulaire. J'ai du mal à garder ma bague de fiançailles et mon alliance. J'ai quand même eu l'artère et le tendon cubitale de sectionnés. Pour un écrivain, même amateur, inconnu de surcroît (car ce n'est pas un recueil de poèmes qui m'a donner la notoriété), ça la ficher mal! Heureusement pour moi que ce n'est pas la main droite et que je ne suis pas compositeur! (Rire) Néanmoins, aujourd'hui, je me sers de ma main gauche pour taper sur mon clavier comme au paravent et c'est l’essentiel. Merci au chirurgien de la main (Mr Le docteur Friche) qui à tout fait pour sauver la mienne. Date de l'accident: début avril 2002.

    N. Ghis. 

    Ma main gauche

     

     

     Et voici le poème de Paul Verlaine 

     

    Ma main gauche.

     

    Ce ne sont pas des mains d'altesse,
    De beau prélat quelque peu saint,
    Pourtant une délicatesse
    Y laisse son galbe succinct.

    Ce ne sont pas des mains d'artiste,
    De poète proprement dit,
    Mais quelque chose comme triste
    En fait comme un groupe en petit ;

    Car les mains ont leur caractère,
    C'est tout un monde en mouvement
    Où le pouce et l'auriculaire
    Donnent les pôles de l'aimant.

    Les météores de la tête
    Comme les tempêtes du coeur,
    Tout s'y répète et s'y reflète
    Par un don logique et vainqueur.

    Ce ne sont pas non plus les palmes
    D'un rural ou d'un faubourien ;
    Encor' leurs grandes lignes calmes
    Disent : " Travail qui ne doit rien. "

    Elles sont maigres, longues, grises,
    Phalange large, ongle carré.
    Tels en ont aux vitraux d'églises
    Les saints sous le rinceau doré,

    Ou tels quelques vieux militaires
    Déshabitués des combats
    Se rappellent leurs longues guerres
    Qu'ils narrent entre haut et bas.

    Ce soir elles ont, ces mains sèches,
    Sous leurs rares poils hérissés,
    Des airs spécialement rêches,
    Comme en proie à d'âpres pensées.

    Le noir souci qui les agace,
    Leur quasi-songe aigre les font
    Faire une sinistre grimace
    A leur façon, mains qu'elles sont.

    J'ai peur à les voir sur la table
    Préméditer là, sous mes yeux,
    Quelque chose de redoutable,
    D'inflexible et de furieux.

    La main droite est bien à ma droite,
    L'autre à ma gauche, je suis seul.
    Les linges dans la chambre étroite
    Prennent des aspects de linceul,

    Dehors le vent hurle sans trêve,

    Le soir descend insidieux...
    AH ! Si ce sont des mains de rêve,
    Tant mieux, - ou tant pis, - ou tant mieux !

    Paul VERLAINE (1844-1896)

     

    Ma main gauche.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 2 Décembre 2016 à 13:28

    Très beau poème de Verlaine que tu nous mets en partage.

    J'ai lu attentivement aussi ton anecdote au sujet de ta main. Hé bien! Quel recul, appeler cet accident anecdote fait preuve d'une belle philosophie car tu as dû vraiment douillé avec la chirurgie et la rééducation. La main est le plus merveilleux de nos outils, elle est précieuse.

    Bisous et amitié

    Pink

      • Vendredi 2 Décembre 2016 à 13:47

        C’est gentil d’être passée me voir! Merci, amicalement, Ghislaine.

    2
    Jeudi 15 Décembre 2016 à 12:20

    bonjour ma Gigi , j espere que ça va moi bof les fetes c est pas top

    mais bon ça va passer vite , il est superbe ce poeme

    je penses fort a toi ma douce amie

    je t embrasse fort Elyci

      • Vendredi 16 Décembre 2016 à 13:11

        Nous sommes pareil chère Elyci. Noël , il y a longtemps qu'on ne le fête plus pour des raisons familiales.

        le 25 décembre, nous le passons, à la maison, avec notre fille qui a 48 ans et nos trois petits enfants qui son grands maintenant: 23-20- et 17 ans. Ils sont adorables et surtout, ils aiment leurs grands parents!

        J'ai eu deux enfants; mais mon fils, il ne faut pas compter dessus: il a oublié, depuis qu'il s'est marié en 1993 avec une héritière, que nous existons, nous aussi... Nous ne connaissons pas nos petits enfants ni nos arrières petits enfants...

        Tu vois, noël n'est pas ce que nous préférons quand il nous manque la moitié de notre famille. Avant, lorsque mes enfants étaient petits, ils ont toujours eu de beaux noël même si nous n'étions pas riches. Nous nous privions mais ils ont toujours eu des noëls féeriques car nous faisions toutes les décorations d nos mains. Enfin! C'est la vie!...

        Merci pour ta gentillesse chère elyci. Je mettrais une bougie allumée pour toi sur la cheminée. Bisous. Ghis.

         

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