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    La belle endormie : Paul Valéry

     

    Belle au bois dormant : Paul Valéry

     

    Belle au bois dormant

     

    La princesse, dans un palais de rose pure,
    Sous les murmures, sous la mobile ombre dort,
    Et de corail ébauche une parole obscure
    Quand les oiseaux perdus mordent ses bagues d’or.

    Elle n’écoute ni les gouttes, dans leurs chutes,
    Tinter d’un siècle vide au lointain le trésor,
    Ni, sur la forêt vague, un vent fondu de flûtes
    Déchirer la rumeur d’une phrase de cor.

    Laisse, longue, l’écho rendormir la diane,
    Ô toujours plus égale à la molle liane
    Qui se balance et bat tes yeux ensevelis.

    Si proche de ta joue et si lente la rose
    Ne va pas dissiper ce délice de plis
    Secrètement sensible au rayon qui s’y pose.

    Paul Valéry

    Poème par Paul Valéry
    Thématiques : Amour
    Période : 20 e siècle

     

    La belle endormie : Paul Valéry


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     Accueil : Abat-jour de  Paul Valéry

     

     Accueil : Abat-jour de  Paul Valéry

     

    Abat-jour

     

    Tu te demandes pourquoi je reste sans rien dire?

    C'est que voici le grand moment,

    L'heure des yeux et du sourire,

    Le soir et que ce soir, je t'aime infiniment!

    Serre-moi contre toi. J'ai besoin de caresses.

    Si tu savais tout ce qui monte en moi, ce soir,

    d'Ambition, d'orgueil, de désir, de tendresse et de bonté!...

    Mais non, tu ne peux pas savoir!...

    Baisse un peu l'abat-jour, veux-tu? Nous serons mieux.

    C'est dans l'ombre que les cœurs causent,

    Et l'on voit beaucoup mieux les yeux

    Quand on voit un peu moins les choses.

    Ce soir, je t'aime trop pour te parler d'amour.

    Serr-moi contre ta poitrine!

    Je voudrais que ce soit mon tour d'être celui que l'on câline...

    Baisse encore un peu l'abat-jour.

    Là. Ne parlons plus. Soyons sage.

    Ne bougeons pas. C'est si bon

    Tes mains tièdes sur mon visage!...

    Mais qu'est-ce encor'? Que nous veut-on?

    Ah! C'est le café que l'on apporte!

    Et bien, posez ça là, voyons!

    Qu'est-ce que je disais donc?

    Nous prenons ce café... maintenant? Tu préfères?

    C'est vrai: toi tu l'aimes très chaud.

    Veux-tu que je te le serve? Attends! Laisse-moi faire.

    Il est fort,aujourd'hui. Du sucre? Un seul morceau?

    C'est assez? Veux-tu que je goûte?

    Là! Voici votre tasse, amour...

    Mais qu'il fait sombre. On y voit goutte.

    Lèves donc un peu l'abat-jour.

     

     

    Paul Valéry

    Abat-jour

    Paul Géraldy (Paul Lefèvre, Allias Paul Valéry, 1885-1983)

     

     Accueil : Abat-jour de  Paul Valéry

    J'aime ce ton intimiste qu'emploie Paul Valéry dans ce poème!

    C'est d'ailleurs cette poésie qui me l'a fait connaître et apprécier.

     

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  • Si 

    Citations

    Citation : Tartufe - Acte III Scène 2

    Tartufe
    "Comment ? Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
    Par de pareils objets les âmes sont blessées,
    Et cela fait venir de coupables pensées.

    Si

    "Known unto God"

    (Connu seul de Dieu)

    Si

    Kipling a écrit ce poème à l'attention de son unique fils, John, âgé alors de 13 ans en 1910.
    Ce dernier meurt lors de son premier assaut, durant l'attaque de Chalk Pit Wood à la bataille de Loos en 1915. Son corps ne fut pas retrouvé. Jusqu'à sa mort en 1936, Rudyard Kipling procéda à des fouilles dans la région pour retrouver les preuves de la mort ou la dépouille de son fils.
    Il inventa l'inscription qui figure sur la tombe des soldats inconnus britanniques : "Known unto God" (Connu seul de Dieu). En 1991, la tombe du lieutenant John Kipling fut enfin identifiée de manière concluante...

    Si

    Rudyard  Kipling : Si

    (Tu seras un homme mon fils)

    Si tu peux voir détruire l'ouvrage de ta vie
    Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
    Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
    Sans un geste et sans un soupir ;

    Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
    Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
    Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
    Pourtant lutter et te défendre ;

    Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
    Travesties par des gueux pour exciter des sots,
    Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
    Sans mentir toi-même d'un mot ;

    Si tu peux rester digne en étant populaire,
    Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
    Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
    Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

    Si tu sais méditer, observer et connaître,
    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
    Penser sans n'être que penseur ;

    Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
    Si tu sais être brave et jamais imprudent,
    Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
    Sans être moral et pédant ;

    Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
    Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
    Si tu peux conserver ton courage et ta tête
    Quand tous les autres les perdront,

    Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
    Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
    Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
    Tu seras un homme mon fils !


    Traduction : André Maurois (1918)

    Si


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    Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie!

     

     Poème tiré d du CID de Don Diègue

     

    Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
    N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
    Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
    Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
    Mon bras qu’avec respect tout l’Espagne admire,
    Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
    Tant de fois affermi le trône de son roi,
    Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
    Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
    Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
    Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
    Précipice élevé d’où tombe mon honneur !
    Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
    Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
    Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
    Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur ;
    Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
    Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne.
    Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
    Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,
    Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
    M’as servi de parade, et non pas de défense,
    Va, quitte désormais le derniers des humains,
    Passe, pour me venger, en de meilleurs mains.

     

    Don Diègue Corneille

    Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie!


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